Nicolas Dupont-Aignan: «Il faut revoir les circuits de financement de l'économie». Arnaud Montebourg: «L'Europe se retourne aujourd'hui contre les peuples européens». Jean-Pierre Chevènement: «J'avais raison». Les spéculateurs boursiers ont beau tirer parti de la chute des cours, la crise économique profite aussi aux protectionnistes: quand le libre-échange est mis à mal, ils reprennent des couleurs. «Nous ne sommes pas seuls, tempête Montebourg. Nos thèses sont celles de la sagesse». Voilà donc le dénominateur commun entre les trois hommes politiques, réunis mercredi à l'invitation de l'association «Pour un débat sur le libre-échange»: la France est victime de son ouverture économique et doit revenir sur 30 ans de libre-échange pour sortir du trou.
«Je me demande si les Français savent, ou s'ils payent pour les banques sans s'en rendre compte», ironise Jean-Pierre Chevènement. Un thème cher à Nicolas Dupont-Aignan, qui exige davantage: «Arrêter d'exonérer les entreprises qui s'en vont et de taxer celles qui reste en France». De son côté, Arnaud Montebourg prend des accents mélenchonistes quand il explique que, contre «la cruauté des marchés, les peuples européens devraient se révolter. Chez nous, cette révolution se fera dans les urnes». Les urnes, c'est justement ce que vise le député de Saône-et-Loire, qui compte «ne pas s'arrêter à la primaire socialiste. Car les propositions de protection financière sont un rempart contre les extrémistes». Comprendre: le protectionnisme ne doit pas être un extrémisme. Et de souhaiter, tout de même, qu'«Angela Merkel soit battue politiquement afin que l'Europe reparte sur de nouvelles bases, que l'Autorité des marchés financiers n'ait plus de pouvoirs et que l'Organisation mondiale du commerce soit rayée de la carte».
Pour que le «cercle vicieux» prenne fin, Nicolas Dupont-Aignan propose quant à lui de remettre «l'intérêt supérieur de la nation » au goût du jour. «L'Europe? Un vélo d'appartement. On pédale et on n'avance pas». Une «autre Europe», voilà ce dont rêve aussi Jean-Pierre Chevènement, pour qui le traité de Maastricht doit être modifié: «La clé réside dans le changement de statut de la BCE. Elle doit pouvoir acheter des obligations d'Etat. Actuellement, la monnaie unique n'est pas un système soutenable et des pays comme l'Espagne ou l'Italie devraient l'abandonner». Au-delà des préoccupations économiques, sont au moins d'accord sur une chose: le débat du protectionnisme économique est un débat utile.